Le projet même de l'exposition repose sur l'idée qu'il existe, indépendamment de la conscience plus ou moins vive que l'on peut en avoir, une certaine réalité wallonne susceptible d'imprégner les diverses expressions de la culture.

Par « imaginaire » wallon, nous visons assez simplement une certaine faculté de produire des images « marquées » de manière semblable par les réalités régionales. Plus concrètement, une des idées ayant conduit l'analyse est que l'on atteint jamais l'universel qu'à travers le singulier et que des récits qui nous paraissent «indifférents» sur le plan régional, peuvent se révéler en fait très situés : lorsque nous suivons les aventures de Natacha, par exemple, nous éprouvons spontanément les décors comme «universels» alors qu'ils sont spécifiquement wallons. Du point de vue du langage, on peut dire que cet imaginaire propre fonctionne en empruntant ses matériaux à la réalité wallonne (ses paysages, ses parlers régionaux, etc.) et en les insérant dans un contexte narratif où, déformés par ce contexte, ils acquièrent un sens nouveau. Montrer l'enracinement de cet imaginaire et dresser un inventaire de certains de ses éléments constitutifs, tel est un des buts poursuivis .

Par « wallon », nous entendons désigner de façon prioritaire les référents wallons, quel que soit par ailleurs le sentiment d'appartenance des auteurs. Dans cette mesure, on est parti du postulat qui veut que ces référents apparaîtraient de façon plus manifeste chez ceux qui sont issus de nos terres romanes, mais sans se priver d'autres sources qui auraient pu se révéler fécondes (tous ceux qui, ayant approché ces réalités d'une manière ou d'une autre, ont pu s'en imprégner). Nous avons donc consulté autant les auteurs dont l'enracinement wallon est manifeste (Servais, Comes, Walthéry, etc.) que des auteurs en apparence plus neutres (Mitacq, Denayer et Franz, etc.) ou non wallons (Hergé, Bucquoy, etc.).

Concrètement, l'exposition s'organise en quatre espaces présentant des agrandissements de bandes dessinées relatifs à quatre thèmes repérés à l'occasion du dépouillement d'un corpus de plus d'un millier d'albums : les paysages, la présence des langues régionales, certains éléments sociologiques ayant une pertinence wallonne et enfin, les croyances et traditions populaires.